Si d’aucuns devaient choisir un unique adjectif pour définir Medrick, ils le qualifieraient certainement de courtois. Il s’exprime avec une politesse éloquente avec tout un chacun, montrant respect au plus simple roturier jusqu’à la couronne. Si un sourire ourle bien souvent ses lèvres, c’est toutefois bien là la bienséance du Nord : froide, mesurée, sans obséquiosité.
Le Manderly, fidèle à son inclinaison atavique, est intempérant, aimant la bonne chère, arrosant copieusement ses ripailles de bière et de vin. Cette consommation effrénée d’alcool devient, se chuchote-t-il à Blancport, quelque peu problématique : la coupe effleure ses lèvres même en dehors de ses festins, jusqu’à s’enivrer et cela le rendrait irritable, plus gourd dans ses mouvements. Ses camarades jurent avec force insistance qu’il n’est que bon compagnon.
Adoubé dans la gloire des Sept, Nordien de surcroît, le Triton est fondamentalement honorable, altéré de justice. Rien ne le hérisse plus que l’iniquité.
Réputé comme le plus terrible chevalier du Nord, Medrick s’évertue à afficher au monde cette façade de cordialité, parangon de la justice et de l’honneur. Bien que ces deux notions lui tiennent sincèrement à cœur et qu’il tâche d’œuvrer en ce sens, ce n’est que poudre aux yeux, toutefois, car l’essence profonde du Triton est plus sombre, plus nuancée. De ce renom dont il est auréolé, c’est véritablement du versant redoutable dont il se rengorge le plus, farci d’orgueil. Sous la fine gangue froide de la courtoisie, il cache un tempérament absolument sanguin, brutal et compétiteur, composant primordial à la création de sa réputation. Rancunier et fier, il n’oublie jamais un affront. Néanmoins, soucieux de sa réputation et de l’honneur de sa famille, il ne s’abandonne que rarement à l’empire de sa fureur, tâchant d’opter pour la solution diplomatique, ce qui va bien au rebours de sa nature.
L’on ne peut dresser un portrait complet de la psyché du Manderly sans évoquer sa profonde loyauté, qui s’étend à une panoplie hétéroclite de personnes ; les siens, ses suzerains, ses camarades, ses hommes. C’est par cette dévotion que Medrick a ravalé sa fierté meurtrie et a épousé la Bolton, qu’il est prêt à suivre Stark et Parti Noir jusqu’à Port-Réal s’il le faut.
 

° Il a passé la plus claire partie de son enfance sur les terres Manderly, le vieux renard de Blancport souhaitant que son héritier soit vu et connu de tous et toutes, des hères aux vassaux, que nul n’ignore le faciès de celui qui un jour régnera sur eux. Il a été l’échanson puis le page du seigneur son père, qui voulait lui seriner des mots de sagesse et d’honneur. Si l’efficacité de la procédure reste douteuse, il est indéniable que Medrick, malgré ses responsabilités auxquelles il s’est fait assez tôt, a passé une enfance filée d’or et de soie, savamment éduqué par son père, choyé par sa mère, une rivalité saine et amène avec son cadet.

° Arrivé à l’âge de devenir écuyer, c’est vers les Rougefort que son géniteur pour accueillir son fils et le modeler en un chevalier digne de son nom. Medrick entre donc au service du frère du lord ; un homme sévère, doté d’un humour cinglant dont l’éphèbe est immédiatement raffolé, brutal et fort peu oisif. Il a été heureux que Ser Roderick Rougefort, puisque tel est son nom, soit né puîné et non aîné, car il est incapable de rester en place, visiblement centaure puisque éternellement le cul vissé à sa selle, patrouillant les terres de ses ancêtres pour les sauvegarder de la furie des clans des montagnes. Cela permet au Manderly d’assez vite mettre son acier à l’épreuve ; si les premières années, en vertu de son âge, il doit rester en arrière, son mentor le met, par après, à contribution lors des escarmouches. Medrick s’éveille alors à une bravoure certaine, et une adresse notable à l’épée, guère le danger d’un œil éteint et ne se sentant jamais aussi vivant qu’en faisant couler le sang de l’ennemi au nom d’une noble cause.

° Adoubé à dix-sept ans, ses détracteurs disent là qu’il ne s’agit que d’une façon de courtiser les faveurs d’un riche seigneur, ses camarades insistent qu’il faut y voir là la promesse du chevalier qu’il deviendra. Quatre années durant, il se permet d’arpenter les Sept Couronnes, désireux de voir le monde, et participe à nombre de tournois, ce qui lui permet d’ajouter à sa réputation naissante, celle d’une lance adroite, bien qu’éclipsée par les grands noms de cette ère.

° Il revient alors à Blancport, soucieux d’œuvrer pour le Nord et sa maison. Medrick prend presque aussitôt Jeyne Locke pour épouse. C’est une union politique, visant uniquement à perpétuer par les liens du sang la bonne entente des deux familles. Le chevalier sera digne de son rang et la traitera avec respect, ne trahira pas la foi qu’il lui a promis, mais jamais ne l’aimera. Lorsqu’une fièvre emporte la jeune lady, il porte le noir et un faciès solennel mais ses joues demeurent sèches.

° Le Triton juge que son auguste paternel, fin politicien, perpétuellement emmêlés dans des intrigues, les yeux posés sur le Sud, a délaissé quelque peu la paix de ses domaines, que les bandits et raideurs se font plus nombreux, plus impudents dans leurs rapiats. Il s’entoure alors de chevaliers fiévreux de prouver leur valeur et commence alors une politique répressive sur les terres Manderly ; il rompt avec une inexorabilité terrifiante les rangs des bandits et en pend la plupart, épargnant çà et là ceux qui choisissent le Mur. Lorsque la sérénité revient sur les territoires à l’Est de la Blanchedague, Medrick pose son regard sur le domaine de ses cousins, les Omble, aux prises avec un nombre accru de déserteurs. Il semble que, sous la houlette de Bennard Stark, occupé à tenir ses vassaux et son neveu sous son contrôle, beaucoup de frères jurés semblent caracoler vers le Sud, en passant par les terres Omble et en rompant leur serment. Ces corbacs sont d’une autre trempe que les clans des montages ou les brigands, ce sont des hommes rompus aux armes, ayant une certaine notion de la stratégie. Les chocs sont rudes mais Medrick tient bon, assoit une fois pour toute sa réputation au Nord, prouvant aux sceptiques que celle-ci n’est pas indue.

° Si, pour ne pas créer de tumulte, il prie ouvertement les Sept, afin de ne pas froisser sa maison et ses vassaux, les anciens dieux le fascinent irrésistiblement.

° Lors de la récente fête des moissons, le seigneur Bolton a voulu mesurer sa lame à celle de Medrick, souhaitant jauger son mérite. Toutefois, le chevalier, passablement gnôlé, n’a pas pris le sire de Fort-Terreur au sérieux, ce qui lui a valu une défaite, une profonde entaille à sa main d’épée et un orgueil en lambeaux. Au soir, lors des festivités et que l’alcool continue à couler à flots, le Manderly essuie les railleries du Bolton jusqu’à n’en plus pouvoir ; ni l’un ni l’autre ne saurait jurer qui des deux a cogné en premier mais les deux nobles en sont sauvagement venus aux mains. Lorsqu’on le sépare, les deux sont maculés de sang, le Bolton écope en prime d’un nez cassé et de quelques dents en moins. Les deux hommes se vouent dès lors une haine féroce et cela peut devenir un problème, puisque Medrick est l’héritier de l’une des maisons les plus influentes du Nord. Avec son onctuosité habituelle, Desmond Manderly, Renard de Blancport, trouve un compromis pour défroisser l’orgueil du Bolton ; Medrick épousera l’une des filles, et ses petits-enfants régneront un jour sur Blancport. Par piété filiale, et conscient d’avoir fauté, le chevalier se plie à la volonté de son père.

° Lors de la récente visite du Prince héritier légitime à Blancport, la maison Manderly, Medrick inclus, a juré sa loyauté à Rhaenyra Targaryen. Le chevalier brûle de tester son acier lors d’une guerre véritable.

° Discipline. Medrick s’est fixé de nombreux buts et il compte les atteindre. Au-delà de sa carrière d’épéiste, il escompte devenir un seigneur juste et avisé, qui verra Blancport et la maison Manderly prospérer sous son règne, tout comme cela a été le cas sous la houlette du seigneur son père.

° Fin épéiste. Sa réputation n’est plus à faire et le précède, l’on n’obtient guère la réputation du plus redoutable chevalier du Nord sans être un bretteur mortifère. Sa discipline l’oblige à s’entraîner presque chaque jour, pour pallier à son âge grandissant et ses habitudes de vie délétère.

° Diplomate. Si sa nature profonde l’inclinerait plus facilement à tirer à nu l’acier de son épée que de composer, son sens du devoir et le poids de ses responsabilités écrasent bien souvent ces velléités rageuses. Adroit, connaissant les hommes, il trouve bien souvent les mots et les compromis qu’il faut afin de rasséréner les tempéraments qui s’échauffent.

° Orgueilleux. Le pendant de la notoriété est l’orgueil qui s’en accompagne, qui rend Medrick sourcilleux à la déférence dont on lui fait montre, s’attend, puisqu’il respecte tout un chacun, au respect en retour. Contester sa réputation est le plus sûr, et sans doute l’un des uniques, moyen de le faire sortir de ses gonds. Cela le rend enclin à prendre des risques pour prouver sa valeur, ou parfois encore à sous-estimer des adversaires qui peuvent s’avérer redoutables.  

° Rancune, fille de l’orgueil, qui s’avère si tenace chez Medrick. S’il tente bien de trouver des solutions diplomatiques, il n’oublie jamais ceux qui l’ont défié et cela lui vaut bien souvent de se montrer opiniâtre et de camper de sur ses positions. Il n’est nul meilleure exemple que l’attitude qu’il nourrit face à la lady Manderly, où le seul péché de son épouse est d’être née Bolton, maison perfide et déloyale à ses yeux, dont le lord a meurtri son honneur.

° Alcoolisme. Bien qu’il le conteste à cri et à cor, le Manderly développe un penchant trop prononcé pour la gnôle, malgré les avertissements du mestre. Cela le rend tantôt indolent et gourd, tantôt agressif et caustique. Les affres de cette addiction érodent, petit à petit, sa discipline, sa passion, sa pugnacité. Les dommages, à terme, le priveront de son adresse au combat, si pas de l’affection de ses proches ;

Comment votre personnage a-t-il vécu ces dernières lunes ?

Si, de par sa nature indépendante et sa politique isolationniste, le Nord ne ressent que peu les remous des imbroglios de la cour de Port-Réal, cette fois-ci, il semble qu’une véritable crise dynastique va secouer les Sept Couronnes. Le père de Medrick, fin politicien, suit la situation aussi bien que possible depuis un petit temps. La récente venue du Prince Jacaerys Velaryon à Blancport a mis fin aux espoirs de Medrick de voir une fin diplomatique à ce problème ; la mort du Prince Lucerys les a définitivement enterrés. Il est prêt. Au fond, la guerre n’est-elle pas le meilleur théâtre pour prouver sa valeur ?

Quelle est la situation actuelle de votre personnage et sa Maison ?
La situation des Manderly est assez prospère et propice à pouvoir engager leur force complète dans ce conflit. La pérennité dynastique semble assurée par la présence de deux fils dans la force de l’âge, et de plusieurs filles cadettes. Alliés aux Omble, en bons termes avec les Stark, les tensions avec les Bolton temporairement rassérénées par un mariage, Desmond Manderly peut prêter sa complète attention au Sud.
Son suzerain, son seigneur père et sa propre personne ont juré leur allégeance à la reine légitime, Rhaenyra Targaryen. De par ses étendues démesurées, il est fort probable que le Nord tarde encore quelque peu à assembler ses forces en un poing ganté. Au-delà de l’appui politique qu’apporte le soutien d’une maison suzeraine, le Nord pourra sans doute répliquer par une force expéditionnaire envoyée depuis les terres avoisinant le Neck, ou via bateaux par Blancport.

Pour qui prenez-vous parti ? Prenez-vous seulement un parti ?
Le Parti Noir ; comment pourrait-il en être autrement ? La reine a pour elle la légitimité d’avoir été désignée héritière du trône depuis son plus jeune âge, en dépit de la venue de plusieurs fils. De plus, la Targaryen a eu la courtoisie d’envoyer son propre fils aîné courtiser les faveurs de Blancport et Winterfell, offrant à toutes deux des termes avantageux en échange de leurs épées. Les Manderly sont donc tout acquis au parti de Rhaenyra, les Verts ne sont guère que des ambitieux et des félons, qui ne sauraient tarder à être matés.