Par-delà l’horizon, à la jonction entre l’azur du ciel et la limite aqueuse imposée par le lac de L’Oeildieu, se dressait une immense forteresse de pierre à la taille démesurée, fier comme un roc qui pourfendait les eaux douce de l’immensité du lac par son flanc Nord et qui seul et sans partage dominait toute la berge. La légende racontait qu’Aegon le conquérant avait débarqué pour annexer la région le jour où la dernière pierre avait été posée à l’édifice.

Loin des terres de la couronne, loin des manigances politiques de Port réal, mais informer des événements auxquels étaient confronté Westeros, la forteresse d’Harrenhal dominait toute la région. Située dans le conflans, on racontait que l’intérieur avait été aménagé dans des proportions titanesques faisant de l’édifice lugubre et majestueux, une forteresse gargantuesque.

Le Conflans était un pays marqué par l’abondance de fleuve qui nourrissait la région. Constituant un joyau vert avec des collines recouvertes entièrement d’herbe ainsi que des forêts à perte de vue. Elle n’avait rien à envier à Dorme notamment avec son climat susceptible d’abriter une averse. D’ailleurs, ce fut lors d’une soirée, sous une pluie diluvienne en l’an 81, qu’un enfant naquit dans la légendaire et noble maison Fort. Fils d’un seigneur, Lyonel Fort, l’enfant qui vint au monde ce soir-là, avec un filet de cheveu noir sur la tête, répondait au doux prénom de Larys. Prénom atypique pour le pays, cette dénomination était un désir profond de sa mère qui cherchait quelque chose de nouveau. Larys faisait partie des quatre enfants du Lord Lyonel faisant de lui le deuxième dans l’ordre de succession.

Malheureusement, les divinités n'avaient pas été tolérantes avec le couple. Le jeune garçon vint au monde avec une malformation congénitale assez sévère, provoquant une forte courbure de son pied-droit vers l'intérieur et vers le bas. Un handicap synonyme de faiblesse, un pied en moins, ne pouvant être capable de se battre correctement dans un combat à l’épée. Son destin de futur chevalier semble funeste pour une maison noble comme la sienne, bâtit sous la valeur de la force brute. Ne pas pouvoir manier correctement une épée et s’en montrer digne était semblable à une catastrophe.

Il était rare de laisser vivre un enfant handicapé, surtout un rejeton d'une noble famille, seulement Lyonel avait des plans concernant son fils. Il pensait dur comme fer que cette jambe ne sera pas un frein. Son idée, forger cet enfant pour qu'il puisse compenser l’absence de force et dépasser son handicap en nourrissant son intellect. Très jeune, il fut entouré de plusieurs précepteurs qui l’enseignèrent, l’histoire de la maison Fort, du pays ainsi que des sept couronnes. Le Lord Lyonel avait des ambitions politiques pour son jeune fils.

Larys était tout le contraire de son frère aîné Harwin. Ce dernier avait hérité de la force et de la bravoure des Fort. Excellant dès son jeune âge dans l’art du combat, ce qui lui permit de prétendre au titre de chevalier. D’ailleurs, avec le temps, il était parvenu à se tailler une réputation des hommes les plus forts des sept couronnes. L’espoir qu’il incarnait et la popularité qu’il jouissait n’était pas au goût du jeune Larys. Il aurait souhaité bénéficié de tous ses privilèges, mais la nature en avait décidé autrement. Heureusement, avec le temps, il avait rapidement fait place à la prudence et à la sagesse. Dissimulant sagement ses intentions envers son frère. Le jeune garçon au pied-bot se contentait de soutenir son frère sous un masque d’hypocrisie, surtout que, Harwin ne s’était jamais moqué de son jeune cadet. Allant même à prendre sa défense lorsque celui-ci était sujet à moquerie.

L’an 105 fut une année pleine de surprise pour la maison Fort. Grâce à ses connaissances affinées des lois des sept couronnes, le Lord Lyonel Fort fut désigné maître des lois. Tel un effet papillon, il ne tarda pas à se servir de sa nouvelle position ainsi que de son lien étroit avec la famille royale pour assurer un statut confortable pour sa descendance. Ces fils furent nommés respectivement, capitaine des manteaux d’or ainsi que Lord Confesseur. Quant à ses filles, elles devinrent dame de compagnie de la princesse Rhaenyra Targaryen.

On endossant sa nouvelle fonction en tant que Lord Confesseur, Larys Fort devenait les yeux et les oreilles du roi des sept couronnes, jurant ainsi loyauté à la maison régnante Targaryen. Il disposait de plusieurs espions, notamment dans le donjon rouge, chargé de lui fournir des informations futile ou non lui permettant de garantir la sécurité de la couronne. Le fils cadet des Fort disposait déjà de sa propre source d’information alternative, mais avec son statut de Lord Confesseur et l’appui de la couronne, son réseau d’information ne pouvait devenir que plus conséquent. Personne ne se doutait, que la loyauté du jeune Larys n’était pas immuable. Dans un premier temps, il recherchait la reconnaissance, voulant éclipser les exploits de son frère sans éveiller sur ses intentions, mais également se rapprocher de plus en plus du pouvoir.

Qui de mieux pour servir ses intérêts, que sa reine, Alicent Hightower. Jeune et encore innocente de tous ses jeux de pouvoir qui gravite autour de la couronne. Elle-même, esclave des ambitions politiques de son père. Il aurait pu jeter son dévolu sur la princesse Rhaenyra Targaryen, mais les planètes n’étaient pas suffisamment alignées pour qu’elle puisse un jour prétendre au trône. Il y avait trop d’incertitude. Larys avait ce don, de pouvoir déceler le potentiel latent d’une personne, anticipant avec prudence ses intentions. Entre nous, la princesse n'était pas assez naïve pour se laisser berner par le jeune homme. D'ailleurs ses sentiments à son encontre le destablisait. Par contre, la reine, sous ses allures de femme fragile, se cachait une véritable force de la nature, capable de bouleverser l’équilibre du pouvoir en apportant sa pierre à l’édifice et à se soustraire à l’influence de son paternel. En vue de l’âge avancé dont possédait son époux, la jeune reine Alicent Hightower serait en mesure de reprendre l’héritage royal, si le roi venait à disparaître. Le jour-j, Larys allait s'en assurer.

Depuis leur première discussion dans le bois sacré du donjon rouge, tel un serpent qui crache son venin, Larys Fort était parvenu à devenir son confident avec le temps. S’aidant mutuellement dans un rapport de bon procédé. Prouvant même sa dévotion à mainte reprise. Nous pouvons par exemple citer l’incendie d’Harrenhal qui avait causé la mort de son père et son cher frère, Lyonnel et Harwin, dans le but de permettre à Sir Otto Hightower à revenir dans les bonnes grâces du roi en tant que main. Alicent récompensa Larys en lui permettant d’accéder au titre de maître des chuchoteurs, lui accordant une place au conseil restreint.

Larys Fort dissimulait ses intentions malsaines et sournoises par des actions désintéressées, pourtant ses ambitions politiques étaient à l’échelle démesurée de la forteresse d’Harrenhal. Étant sans scrupule et ne disposant d’aucune forme d’attache particulière qui pourrait lui servir de point faible, il restait un formidable atout pour la famille régnante et probablement la suivante.